Les travailleu(r)ses du sexe de Jean-Michel Carré (Les Films du Grain de Sable)

Publié le par 67-ciné.gi-2010

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10logfilgraLes travailleu(r)ses du sexe documentaire de Jean-Michel Carré
durée : 1h25
sortie le 3 février 2010
bientôt sur Strasbourg
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En France, depuis la loi Sarkozy de 2003, des femmes et des hommes revendiquent le droit de pouvoir louer librement leur corps alors même que l’économie de marché utilise une pseudo libération sexuelle pour justifier la légalisation de la marchandisation de l’intime. Paroles et pratiques dérangeantes, stigmatisées par des jugements moralisateurs, qui nous questionnent sur les rapports hommes/femmes, la sexualité et son contrôle par le pouvoir.
Ce film est dédié à Grisélidis Réal [ 1929 - 2005 ], romancière, peintre et prostituée.

avec :
Sonia, Yvan, Gaby & Pascale, Alain, Maîtresse Nikita, Marianne, Isabelle, Sofia, Pascale et Lisa

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Quelques mots du réalisateur
Jean-Michel Carré : « L’économie de marché a généré la multiplication des salons de l’érotisme et de sociétés d’éditions de vidéos pornographiques, au nom de la prétendue liberté du consommateur. Dans un autre domaine du travail du sexe, la prostitution est restée plus ou moins tolérée dans la plupart des pays. En France, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur, fait voter en mars 2003, une loi dite de sécurité intérieure incluant le racolage passif des prostituées. Si la prostitution devient très vite moins visible dans nos rues, la prostitution augmente considérablement sur les réseaux Internet et aux périphéries des villes, rendant à nouveau des prostituées à la merci des proxénètes et des réseaux mafieux.
Qualifiée de plus vieux métier du monde, la prostitution reste un
obscur objet de haine et de désir. Elle a stigmatisé le symbole de l’exploitation de la femme par l’homme dans toutes les sociétés. Ces problématiques, je les avais traitées, il y a plusieurs années, dans un cycle sur la prostitution [Les trottoirs de Paris, Laurence, Les enfants des prostituées, L’enfer d’une mère, La nouvelle vie de Bénédicte, Un couple peu ordinaire, Les clients des prostituées.Tous ces films sont regroupés dans le dvd Prostitution à visage découvert, Doriane Films - Films Grain De Sable]. Mais depuis la loi Sarkozy, certaines femmes et hommes revendiquent à nouveau haut et fort la volonté de pouvoir louer librement leur corps, de défendre leurs pratiques sexuelles et réclament que leur métier soit considéré comme aussi respectable qu’un autre, avec ses droits et ses devoirs.

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Paroles dérangeantes qui nous questionnent sur un fait de société victime de jugements moralisateurs, d’anathèmes de certaines féministes et de mépris de beaucoup d’autres. Une activité qui interroge, naturellement la sexualité, mais aussi les rapports hommes / femmes, le pouvoir, l’argent, la définition d’un travail…
[voir à ce sujet le film J’ai très mal au travail de Jean-Michel Carré. dvd Editions Montparnasse]. Une question sociétale où il est indispensable de sonder l’économie de marché qui utilise une pseudo libération sexuelle pour justifier la marchandisation de l’intime au nom de la prétendue liberté du consommateur.
Conjointement, chaque pays revendique unilatéralement ses lois permissives ou coercitives sans pour autant avoir été capable d’éradiquer la prostitution - esclavage.
C’est au travers de vies, de pratiques et de témoignages de femmes et d’hommes qui utilisent librement et professionnellement leur sexualité que ce film a été réalisé. Tourné en France, mais aussi en Belgique et en Suisse, ce film fait émerger les réflexions de fond qui implique le rapport du pouvoir et de la soumission, tout en questionnant les fantasmes qui agitent les hommes et les femmes.
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La genèse du projet
Plus de caresses, moins de crs ! , tel fût le slogan inédit que les membres d'un nouveau collectif de travailleu(r)ses du sexe, baptisé Les Putes, ont scandé le samedi 18 mars 2006 sous les fenêtres du Premier ministre à l’issue d’une manifestation inaugurale : la Pute Pride.
Bien que passée inaperçue, avec ses 500 manifestant(e)s regroupées place Pigalle, car tenue le même jour que l’énorme manifestation contre le cpe avec plus d’un million de personnes, elle fut néanmoins la marque d’un nouveau type de revendication chez les prostituées, celui de revendiquer l’activité prostitutionnelle comme un métier avec ses droits et ses devoirs.
Il existe une prostitution forcée qui s'exerce dans la contrainte et qu’il faut combattre car elle est dominée par le phénomène mafieux. Depuis longtemps, les prostituées ont droit à l’amalgame entre prostitution et exploitation sexuelle qui porte physiquement et psychologiquement atteinte aux femmes, et qui considère leur corps comme une marchandise pouvant être achetée et vendue. Mais la prostitution est aussi, selon plusieurs associations de prostituées une activité humaine que l'on doit libérer de ses anciens asservissements sacrés, culpabilisateurs et répressifs. Le jour de la manifestation elles et ils ont adressé une lettre à Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, pour poser les risques d’une politique abolitionniste.
À force de s’entendre dire sans arrêt qu’elles ne sont que des marchandises, des corps qui se vendent, qu’elles ne se respectent pas, qu’elles auraient nécessairement été violées dans leur enfance, qu'il faut les réinsérer, qu’elles n’ont aucune conscience de ce qu’elles font, qu’elles portent atteinte à leur dignité, à leur santé psychique, beaucoup de prostituées considèrent que les abolitionnistes ont fini par briser des vies. Cet abolitionnisme est alors vécu par ces femmes et ces hommes comme une forme de maltraitance psychologique.
Pour les abolitionnistes, elles ne seraient acceptables que malheureuses afin de confirmer l'image qu'elles veulent donner d’elles. Mais si l'une d'entre elles se rebelle et revendique sa liberté de se prostituer, de disposer librement de son corps, elle sera de suite taxée : non représentative, égoïste, salope, nymphomane forcément perturbée, légitimant les viols. Une personne qu'il faut nécessairement punir : contrôle fiscal, retrait de la garde des enfants, amendes et pv, humiliations, harcèlement policier, expulsions, sans retraite, ni sécu. Aucun droit ne leur est accordé.
Peut-on questionner cette morale qui prétend interdire d’avoir une sexualité en dehors du couple, de sentiments amoureux avec des inconnus, avec ou sans désir, avec ou sans plaisir, ou juste par intérêt ?
S‘il faut lutter efficacement contre le proxénétisme et les réseaux de traite, les politiques devraient peut-être aider les prostituées à obtenir un statut de travailleuses indépendantes avec l’application des droits et des devoirs assimilés.
Les prostituées veulent lutter, à leur manière, contre toute forme d’exclusion sociale, contrairement aux abolitionnistes qui voudraient les exclure de la société. Ce n’est pas en voulant éradiquer la prostitution qu’ils les aideront. Elles ne veulent pas être éradiquées. Elles veulent seulement exercer leur métier dans les meilleures conditions possibles.
C’est en sortant la prostitution de la clandestinité qu’elles pourront aider des personnes victimes de traite et qu’elles pourront s’appuyer sur des droits aujourd’hui inexistants en France.

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Fiche technique
Réalisation : Jean-Michel Carré
Assistante de réalisation : Arielle Hanoun
Montage : Nathalie Delvoye
Mixage : Henri Michiels
Musique : originale Benoît Jarlan
Musique additionnelle : Chatte groupe Mauvais-Genre !
Direction de production : Sallah-Edine Ben Jamaa
Coproductions : Films Grain de Sable, Simple production, Rtbf, Télévision Suisse Romande (Tsr) et la participation de France 2 et de Planète
Avec la participation : du Centre National de la Cinématographie, du Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel de la Communauté française de Belgique et les télédistributeurs Wallons et le soutien de la Procirep, Société des Producteurs et de l’Angoa
Ont aidé à ce film : Les assises de la prostitution, Association Ana-A nos ainées, Association Aspasie, Marianne Schweizer, Genève, Association Cabiria, Lyon, Association Griselidis, Toulouse, Association Les Putes, Association ProCoRe, Association Stella, Canada, Association Pastt, Virginie Despentes , Françoise Gil, Femmes de droit, droit des femmes, Marie-Elisabeth Handman
Conception du site internet : Stan Allain

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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de :
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remerciements à
Jean-Michel Carré, Guillaume et Antoine Bast

logos, photos & textes © www.films-graindesable.com

Publié dans PRÉSENTATIONS

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