Le guerrier silencieux, Valhalla Rising de Nicolas Winding Refn (Le Pacte - Wild Side Films)


durée : 1h30
sortie le 10 février 2010


Pendant des années, One-Eye, un guerrier muet et sauvage, a été le prisonnier de Barde, un redoutable chef de clan.
Grâce à l'aide d'un enfant, Are, il parvient à tuer son geôlier et ensemble ils s'échappent, s'embarquant pour un voyage au coeur des ténèbres.
Au cours de leur fuite ils montent à bord d'un bateau viking, mais le navire, au cours de la traversée, se retrouve perdu dans un brouillard sans fin, qui ne va se dissiper que pour révéler une terre inconnue.
Alors que ce nouveau territoire dévoile ses secrets, les Vikings affrontent un ennemi invisible et terrifiant ...
Avec :
Mads Mikkelsen, Maarten Steven, Jamie Sives, Ewan Stewart, Gary Lewis, Gordon Brown, Gary Mccormack, Andrew Flanagan, Alexander Morton, Stewart Porter, Matthew Zajac et James Ramsey

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Entretien avec Nicolas Winding Refn
- : « Quel est votre environnement familial ? »
Nicolas winding Refn : « Ma mère est photographe et mon père monteur. Il a travaillé notamment sur Breaking the Waves et a aussi réalisé des films. Sa conception du montage repose sur deux questions : quelles informations minimum faut-il donner, et à quelle rapidité se sortir d’une situation. Quand je fais un film, je passe le montage en revue avec lui, et nous l’analysons. Il n’a pas toujours raison. Plus jeune, j’étais un peu en guerre contre lui, maintenant je fais plus attention à ce qu’il dit. Du côté paternel, mon grand-père était un célèbre décorateur, notamment d’opéra, en Scandinavie. Mon oncle possédait la plus grande salle de cinéma art et essai de Copenhague : le Grand Cinéma. Il était spécialisé dans le cinéma français mais dans les années 1960, il a également importé des films de Kurosawa. Le cinéma existe toujours mais n’appartient plus à la famille. Mes parents ont divorcé et ma mère a épousé un photographe danois qui travaillait à New York. Nous avons donc déménagé en 1978. J’avais huit ans et cela a changé ma vie. Je ne parlais pas un mot d’anglais et pendant trois mois, mon beau-père allait à l’école avec moi pour me traduire les cours. Ne sachant pas lire, la télévision et les films étaient mon unique échappatoire. Je suis devenu obsédé par les images. Selon ma mère et mon beau-père socialistes, Reagan était un monstre, l’Amérique, le mal, et la télévision, le diable… Pour ne pas me faire remarquer, je coupais le son et ne regardais que les images. Les bandes dessinées faisaient aussi partie de mon monde. Je n’ai appris à lire qu’à l’âge de treize ans, dans quelque langue que ce soit. Je suis dyslexique et j’avais pris l’habitude d’apprendre par coeur ce que les gens me lisaient pour faire ensuite semblant de déchiffrer. C’est ma soeur aînée qui m’a découvert. Mais j’ai ainsi appris à exercer ma mémoire comme un muscle. C’était un moyen de survie. »
- : « Quels étaient vos goûts en matière de cinéma ? »
Nicolas winding Refn : « Ma vie est scandée par des films très spécifi ques. A l’âge de cinq ans, mes parents m’ont emmené au cinéma. On était en retard et j’ai juste vu la fin de Nashville. Il y avait une scène de meurtre, d’où peut-être mon obsession pour la violence. Ensuite, j’ai vu Fat City qui comporte une fin ouverte. Tous mes films ont des fins ouvertes, dans la veine de Fat City. Je me souviens aussi de La Chevauchée fantastique. Sinon, le premier film que j’ai vu tout seul, c’était Les Schtroumpfs. Après, nous sommes partis aux Etats-Unis. La fin des années soixante-dix représentait un peu l’âge d’or de la télé. Je me rappelle avoir vu des adaptations en dessins animés de personnages de comics, Thor ou Captain America, réalisés en stop-motion avec une voix-off. J’ai vu toutes sortes de films le samedi matin ou après l’école quand j’avais droit à mon heure de télé : des films de la blaxploitation, des films de Godzilla, des films d’horreur espagnols. Au cinéma, je me souviens des Aventuriers de l’arche perdue … mais aussi des 400 coups et de la fin sur la plage qui m’a marqué. À neuf ans, une amie de ma mère m’a emmené voir Mean Streets qui a eu un impact très profond sur moi. La narration, la caméra qui tourne au ralenti autour d’Harvey Keitel… j’ai senti l’adrénaline avec ces images, la musique. A cette époque, chaque dimanche à 15h, il y avait le Big Apple Movie sur la cinquième chaîne. J’ai le souvenir très précis d’Il était une fois dans l’Ouest et de sa musique. Mon beau-père avait le disque, avec sur la couverture Henry Fonda qui met l’harmonica dans la bouche du jeune Charles Bronson. On m’a fait une copie sur cassette, je l’écoutais tout le temps. A quatorze ans, j’ai commencé à assister aux double-programmes d’un cinéma de quartier, sur la 17ème rue, entre la 5ème et la 6ème. C’est là que j’ai découvert Massacre à la tronçonneuse. Et j’ai été scotché : pour la première fois, j’ai vu le cinéma comme une forme d’art. J’ai commencé à comprendre qu’au cinéma, ce qui compte, ce n’est pas ce que vous voyez, mais ce que vous ne voyez pas. Vous croyez comprendre, mais derrière il se passe autre chose… Ce cinéma est ensuite devenu une salle d’art et essai qui, des années plus tard, a diffusé la trilogie Pusher... »
- : « Pourquoi avez-vous quitté les Etats-Unis ? »
Nicolas winding Refn : « Mes parents sont retournés au Danemark et je les ai suivis. J’avais dix-sept ans. Je suis retourné aux Etats-Unis à vingt-et-un ans. J’avais un petit diplôme danois et, comme dit Charlie Bronson dans Bronson, pas beaucoup d’options. Je suis daltonien et je lisais difficilement. Je ne pouvais pas aller à l’université, étant dyslexique. Je ne pouvais pas postuler à des postes nécessitant des diplômes. Meurtre d’un bookmaker chinois de Cassavetes m’avait beaucoup intéressé du point de vue des acteurs. Je me suis porté candidat à l’Académie d’Art Dramatique Américaine et j’ai été reçu. Pour la première fois, j’ai vécu seul dans un petit loft du West Village, sur Christopher Street. Entre la 1ère et la 2ème rue, un cinéma proposait des double-programmes. J’ai fini par y passer tout mon temps. Je me suis fait virer du cours au bout d’un an pour avoir brisé une table. Cette expérience a cristallisé ma haine contre l’autorité. Je suis rentré au Danemark, j’ai réalisé deux ou trois courts-métrages dans la maison de ma mère. Ma famille m’aidait financièrement. C’était des films d’action (j’avais été marqué par The Killer de John Woo), des films d’horreur et même une version courte de Pusher avec moi dans le premier rôle. J’ai commencé à travailler pour mon oncle, à chercher des films à distribuer. J’allais à Cannes chaque année. A vingt-trois ans, j’y ai rencontré Kevin Smith. J’ai vu Clerks et j’ai pensé : je peux faire ça, c’est du gâteau ! La même année, je me suis porté candidat à l’École de cinéma danoise. Ma candidature a été acceptée mais un producteur qui avait vu ma version courte de Pusher sur le câble, m’a proposé de discuter d’une version long métrage. On a déposé un dossier au Danish Film Institute qui, à l’époque, était une petite structure de financement et pas une énorme institution. A ce moment-là, personne ne s’intéressait aux films danois, à les exporter ou à les faire voyager. Le dossier a donc été miraculeusement accepté. J’avais l’appui de ma famille et un plan marketing en place : le premier film indépendant danois, un film de gangsters tourné avec de vrais gangsters. Mon père m’a cependant déconseillé de me lancer. Pour lui, je ne savais pas comment réaliser un film et je devais aller à l’École pour apprendre. Mais deux mois avant la rentrée, j’ai renoncé à l’École… et j’ai tourné Pusher. »

- : « Dans l’utilisation de la musique, du son, de la steadycam, il y a beaucoup de points communs entre tous vos films, présents dès Pusher. Quelle était votre conception du cinéma ? »
Nicolas winding Refn : « J’avais alors l’ignorance de celui qui ne sait pas comment faire un film. Mon arrogance était ma force. J’étais très agressif. Personne n’osait me contredire. J’ai viré l’acteur principal une semaine avant le tournage. Je voulais des vrais gangsters pour les rôles. J’avais lu quelque part que Cassavetes tournait dans l’ordre chronologique. Alors j’ai fait pareil. Je n’avais jusque-là tourné qu’en vidéo et le premier jour, le caméraman m’a dit : « On est au bout », j’ai répondu « Au bout de quoi ? ». « De la pellicule, tiens ! ». Ce film était d’avance estampillé « désastre ». Aucun professionnel réputé au Danemark ne voulait y collaborer. Il n’y avait que des assistants ou des débutants. J’ai dû faire venir un ingénieur du son de Suède. Ensuite, à l’étranger, personne n’a voulu du film, aucun festival. Au Danemark, il est sorti avec des articles mitigés, mais il a très bien marché auprès des jeunes. Il a ramené la jeunesse vers le cinéma danois. Au marché du Mifed, un distributeur britannique, Rupert Preston (Metrodome), a acheté le film pour la Grande-Bretagne et il a connu un gros succès. Cela a ouvert le marché, des festivals m’ont remarqué…etc… »
- : « Comment êtes-vous passé du gangstérisme américain au gangstérisme danois ? »
Nicolas winding Refn : « Cela s’est fait en tournant. Mean Streets, Fat City, Bad Lieutenant ont été des inspirations majeures. Mais la principale source est un documentaire que j’ai vu à la télévision quand j’avais vingt ans : One Year in the Life of Crime (1989, Jon Alpert). Dans les années quatre-vingt, le cinéaste a suivi des voleurs pendant un an à Brooklyn, avec une caméra vidéo. Je voulais un peu faire ce type de documentaire brut sur New York … à Copenhague. Sans doute était-ce une manière de revenir à New York par le cinéma, ou d’entretenir ma vie américaine à Copenhague. J’avais vingt-quatre ans, j’aimais les films de gangsters et commercialement, cela me semblait une bonne idée pour rentrer dans l’industrie. A la moitié du tournage, je me suis rendu compte que je n’étais pas intéressé par un film de gangsters. Je m’intéressais à des personnages dans un milieu criminel, ce qui est différent. Pusher a donc beaucoup changé. La première partie est assez traditionnelle : drogue, violence, etc. Ensuite, on passe à un personnage qui ne peut pas montrer ses émotions. On est dans la vie ou dans une tragédie grecque. Le film devient bien plus intéressant et moins clinquant. Pour résumer : au départ, c’était un film de gangsters à New York, puis un film de gangsters américains à Copenhague. Et finalement, c’est devenu un film sur Copenhague. »
- : « Pourquoi cette évolution, des gangsters danois au guerrier muet et borgne ? »
Nicolas winding Refn : « Je comptais enchaîner sur Le guerrier silencieux. Il y a des années, j’avais entendu à la radio qu’une stèle viking avait été découverte au Canada. Après l’avoir étudiée, on s’était aperçu que c’était un avertissement : les Vikings avaient voulu signaler un danger. Depuis, j’ai toujours eu envie de faire un film à partir de ça. C’est ce que j’envisageais après la trilogie mais je n’arrivais pas à monter ce film de vikings… et là, Hollywood m’a appelé ! Génial, de l’argent ! J’avais remboursé mes dettes mais j’étais toujours fauché. J’ai eu droit à un billet de première classe pour Los Angeles… Mais rien n’a semblé aboutir. Un jour, Rupert Preston me dit qu’il a les droits de l’histoire du prisonnier anglais Bronson et me propose de l’adapter. Je ne voulais pas tourner un autre film sur un homme violent. Cependant, comme je n’étais pas sûr que le film américain fonctionne, j’avais besoin d’un projet de secours. J’ai donc lu le scénario. C’était totalement nul : un truc banal de flics et de gangsters, un plaidoyer pour libérer cet homme injustement emprisonné. Il y avait juste une chose intéressante : la possibilité de faire un film à la Kenneth Anger. J’ai toujours voulu faire un film de Kenneth Anger. J’ai donc lu la biographie de Bronson. Ce type ne voulait pas s’échapper de prison, mais s’échapper dans la prison. Ca, c’était intéressant ! Cette bio m’a ramené à ma jeunesse, quand je voulais être célèbre : tout s’explique par le narcissisme. J’ai dit à Preston de me laisser réécrire le scénario… et de virer tout le monde pour re-concevoir le film. Tom Hardy, un jeune acteur en vue, était attaché au projet. Je l’ai rencontré dans un bar à vin de Londres. C’est un alcoolique et je ne bois pas d’alcool. J’ai pensé que c’était un idiot total. Une des pires rencontres que je n’ai jamais faites. Avec Preston, on a réuni un financement sous la barre du million de dollars. J’avais fini une première version du scénario que je réécrivais tous les soirs. J’ai ajouté les monologues, les scènes théâtrales. Pour chaque réécriture, on change de couleurs. Ce scénario a fait toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, et même deux fois ! On n’avait toujours personne pour le rôle-titre. J’ai pensé à Jason Statham en me disant que ça rendrait le film plus commercial mais il ne pouvait pas. J’ai rencontré Guy Pearce mais ça n’a pas marché. À deux mois du tournage, le directeur de casting m’a proposé de rencontrer Tom Hardy une deuxième fois. Quand il a passé la porte, je me suis dit : Ah, mon Dieu, c’est Charlie Bronson ! Et nous avons tourné le film en cinq semaines. Entre temps, Le Guerrier silencieux était financé. Et pendant que je montais Bronson, je me suis mis à préparer le tournage. Mais le film a considérablement changé en cours de route. »
- : « Pourquoi cette évolution ? »
Nicolas winding Refn : « Car j’avais mis dans Bronson tout ce que je voulais dire dans Le Guerrier silencieux ! Je ne savais donc plus ce que je voulais dire, juste ce que je ne voulais pas redire. J’étais complètement perdu et j’ai dû réinventer Le Guerrier silencieux. Bronson avait été tourné avec le même moteur que Pusher : l’arrogance de se foutre du résultat. Hubert Selby Jr. m’a appris qu’on ne vit pas pour l’instant du résultat mais pour le chemin qui y parvient. En montant Bronson, j’ai compris que ce film ne parlait pas de Bronson mais de moi. Je voyais le cinéma comme un art de destruction et moi, comme celui qui donne le premier coup. Charlie Bronson détruit tout, car il y a quelque chose en lui qui doit s’exprimer. Il ne sait pas jouer la comédie, il ne sait pas chanter… exactement comme moi. Il a beau se battre contre le système, le système continue de gagner. Il comprend qu’il ne peut plus se battre car il n’y aura jamais de vainqueur. Alors son professeur d’arts plastiques lui dit prend ce crayon, utilise ta main au lieu de ton poing. Cela correspond au moment où j’ai réalisé que le cinéma n’est pas toujours destructeur, qu’il peut aussi être un élément positif dans la vie. Mon nihilisme créatif et mon écroulement financier m’ont permis de comprendre que je pouvais faire autre chose. Charlie Bronson a suivi le même chemin. Ses poings ne sont plus ce qui le fait avancer. C’est maintenant sa conception de l’art et de la violence qui va lui permettre de s’élever. Tout ceci a changé ma vie… et Le Guerrier silencieux est devenu le premier tableau, le premier canevas de mon nouveau visage. Quand je me suis retrouvé sur les montagnes d’Écosse, je ne voulais plus tourner un film de vikings. Ce que je voulais désormais, c’était faire un film de science-fiction ! »
- : « Ce sont deux voyages vers l’inconnu : un voyage intérieur dans Bronson, un voyage géographique dans Le Guerrier silencieux … »
Nicolas winding Refn : « Sans doute. Ma mère m’a lu autrefois un livre. La couverture représentait une fusée. J’étais fasciné par cette image. Le livre parlait d’un père et d’un fils qui partent sur la Lune. Là, ils découvrent un cercueil. J’ai oublié ce qu’il y avait dans ce cercueil, ou peut-être que m’a mère ne m’a pas tout lu. Mais depuis, je suis resté obsédé par l’inconnu. Je veux savoir ce qu’il y a dans le cercueil ! C’est ce qui me motive. Le premier jour du tournage, j’étais déprimé : je ne savais rien des Vikings et ça ne m’intéressait plus du tout. Quelle idée de faire un film sur un borgne qui n’a ni passé, ni futur ! Mais j’ai décidé de faire confiance à mon instinct. Et dans ce sens, c’est devenu pour moi aussi un véritable voyage psychédélique vers l’inconnu. Je voulais savoir ce qu’il y avait dans le cercueil. Je ne sais toujours pas, tant mieux car c’est ce qui me permettra de continuer. J’ai toujours peur de ne plus pouvoir travailler, de retourner à ce que j’ai été, il faut que j’aille de l’avant. Bronson et Le Guerrier silencieux m’ont permis de me réinventer : sur un plan physique pour Bronson, sur un plan métaphysique pour Le Guerrier silencieux. Je pense que Le Guerrier silencieux est mon film favori. Le prochain que je voudrais tourner est un western à Bankgok, pour combiner mon intérêt pour la cuisine asiatique et pour le western. Le concept du rapport Est-Ouest m’intéresse aussi beaucoup. Mais peut-être avant tournerai-je un gros film hollywoodien ? »
- : « Il parait que vous avez un tatouage… »
Nicolas winding Refn : « J’en ai deux. Une tête de mort derrière chaque épaule. Ainsi, quand je tourne le dos au monde, je le regarde avec colère (1). »

(1) NLR en anglais « when I turn my back to the world, I look back in anger ».
Les tatouages de Nicolas Winding Refn font allusion au film de Tony Richardson Look back in anger (Les corps sauvages, 1958).
entretien enregistré à Paris le 27 octobre 2009. Traduit de l’anglais par Hubert Niogret.
Extrait d'un entretien par Adrien Gombeaud et Hubert Niogret. À paraître dans Positif de mars 2010
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Fiche technique
Réalisation : Nicolas Winding Refn
Scénario : Nicolas Winding Refn et Roy Jacobsen
Directeur de la photographie : Morten Søborg
Monteur : Mat Newman
Décors : Laurel Wear
Costumes : Gill Horn
Son : Cameron Mercer et Douglas MacDougall
Musique originale : Peter-Peter & Peter Kyed
Producteurs : Johnny Andersen, Bo Ehrhardt et Henrik Danstrup
Co-producteur : Karen Smyth
Producteurs délégués : Mads Peter Ole Olsen, Thorir Sigurjónsson, Carole Sheridan, Linda James et Christine Alderson