Nous trois de Renaud Bertrand (Snd)


durée : 1h30
sortie le 17 mars 2010


Nous sommes en 1972.
Sébastien, 6 ans et demi, est un enfant sensible et débordant d’imagination.
Malgré l’affection qu’il porte à son père, un inventeur lunaire, il perçoit la solitude et le manque d’amour de sa mère.
Lorsque les Martin emménagent, Sébastien ne va pas tarder à voir en Philippe, son nouveau voisin, le prince charmant idéal pour sa mère…
Avec:
Emmanuelle Beart, Jacques Gamblin, Stefano Accorsi, Audrey Dana, Nathan Georgelin, Sachat Briquet, Pierre Bertre, Herve Sogne, Julien Landais, Myriam Muller, Jerome Varanfrain, Nadine Erpelding, Daniel Plier, Nicolas Quijada, Roland Jankowski, Bernard Becker, Daniel Feis, Maxim Stanisavljevic, Lena Tangorra, Mike Zenari, Alain Schmitt, Sara Brancatelli et Marvin Smith

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Entretien avec Renaud Bertrand
- : « Comment vous est venue l’idée de départ de ce film ? »
Renaud Bertrand : « La mémoire donne une deuxième chance au passé. On se rappelle des moments, des gestes, des visages, des lieux, des odeurs, des émotions, sans raisons apparentes. Les souvenirs sont parfois très précis mais fragmentés, autant que les fantasmes. L’idée de rassembler ces instants de mémoire s’est imposée à moi. »
- : « Vous racontez cette histoire à travers les yeux d’un enfant. Vous mélangez à la fois le monde réel et l’imaginaire de cet enfant. Pouvez-vous nous expliquer quelle était votre démarche ? »
Renaud Bertrand : « Celle d’un adulte qui revisite en toute liberté des souvenirs, des fantasmes, des émotions, en essayant d’y retrouver son regard d’enfant. Un adulte qui a dépassé les épreuves de cette enfance, qui la regarde avec tendresse, humour, bienveillance, sans en éluder la cruauté. »
- : « Le fait d’utiliser le Super 8 pour évoquer ces visions imaginaires était pour vous un moyen de renforcer l’action située dans les années 1970 ? »
Renaud Bertrand : « Quand j’étais enfant, certaines familles se filmaient en super 8. Je trouvais ça magique, très réconfortant. Comme s’ils se considéraient assez importants pour se mettre en scène pour accéder à une forme, même maladroite, de représentation d’eux-mêmes. Le grain du super 8 me ramène à cette émotion, donc aux années 70. »
- : « Racontez-nous l’histoire du film. »
Renaud Bertrand : « C’est une tranche de vie. Celle d’un petit garçon et de sa famille, revisitée à travers la mémoire de l’adulte qu’il est devenu. Il grandit dans les années 70. Dans une atmosphère assez joyeuse, il est mêlé plus qu’il ne devrait aux difficultés de ses parents à vivre heureux. Il ressent tout sans vraiment rien nommer. Il est amoureux de sa mère. Il se représente sa vie de femme délaissée à travers un monde imaginaire, décalé, drôle, tragique et poétique. Il devient son complice. Il l’accompagne au bout d’une quête d’amour désespérée. Au bout de ce chemin, il y a son père… »

- : « Comment avez-vous choisi vos comédiens ? Les aviez-vous en tête en écrivant ce film ? »
Renaud Bertrand : « Jacques Gamblin fait partie de mon univers imaginaire, une évidence. C’est un grand acteur, humble et flamboyant. On se comprend avec peu de mots. Il représente à la perfection ce père fragile et merveilleux qui ne demande qu’à se révéler. Emmanuelle Béart est magique, elle capte l’objectif. Quand elle est là, plus rien n’existe, et c’est ce que l’enfant ressent pour sa mère. C’est comme ça qu’il la voit, et le film est à travers son regard. C’est une actrice honnête, entièrement dévouée à ses rôles, ce qui lui permet d’y entrer avec évidence. Elle est parfois très belle et parfois très éprouvée dans le film ; elle est magnifique. Je savais en lui proposant le rôle qu’elle serait vibrante et juste. Je connaissais Stéfano Accorsi à travers plusieurs films que j’avais aimés. Il est l’incarnation de la séduction. Son talent, son intelligence lui permettent de la mettre au service d’un film, d’un personnage. Il fallait ça pour incarner Philippe, sex-symbol de banlieue malgré lui, gentil, sensible et lâche. Audrey Dana est incroyable, je l’avais vue dans deux films où elle fonçait dans ses personnages avec une énergie impressionnante, sans complexe. Derrière ça, on devine une émotion à vif. C’est exactement cet engagement que demandait Michèle, le personnage qu’elle interprète. J’ai eu la chance de rencontrer Nathan sur le tournage de mon précédent film, Sa raison d’être, où il avait un rôle secondaire. Je venais de finir d’écrire Nous Trois et j’ai tout de suite compris que c’était lui qui allait interpréter Sébastien. Je le lui ai dit à ce moment-là. Entre temps, il a eu plusieurs propositions pour des rôles principaux mais il les a refusés pour pouvoir faire mon film. Dès le premier jour, il a très bien compris ce qu’il jouait et ce qui se jouait dans le film, mais il faisait l’innocent pour ne pas qu’on se sente gênés vis-à-vis de lui. Comme son personnage dans le film. Cet enfant est à part. »
- : « Comment s’est déroulé le tournage avec les comédiens ? »
Renaud Bertrand : « Très bien. Il a fallu qu’ils acceptent mon trouble en revisitant des émotions vives et enfouies. Ils sont entrés dans cet univers déconcertant que je leur proposais, entre réel et mémoire. Ils ont été inouïs. »
- : « Le fait de situer l’action dans les années 1970 était-il primordial pour vous ? Auriez-vous pu placer l’histoire dans une époque plus contemporaine ? »
Renaud Bertrand : « J’aurais pu le faire, mais on aurait perdu ce contraste entre une époque joyeuse, décomplexée, et la mélancolie de l’enfant. »
- : « Quels sont selon vous les différents thèmes abordés dans ce film ? »
Renaud Bertrand : « L’enfance. La mémoire fragmentée et fantasmée de l’enfance. La découverte par un enfant de la représentation de l’amour et de la sexualité. Sa découverte du monde des adultes à travers son imaginaire. Sa force à survivre et à s’amuser de la douce folie des adultes qui l’entourent. L’amour maternel, fraternel. La quête d’un père fantasmé et la révélation d’un père ignoré. »
- : « Comment s’est passé le tournage au Luxembourg ? »
Renaud Bertrand : « Plus que très bien. Je me sentais libre dans ce pays inconnu pour reconstituer l’univers de l’enfant et construire celui du film. On travaillait avec des collaborateurs de plusieurs nationalités, tous très pointus et passionnés. On se retrouvait autour du film et on vibrait. On travaillait beaucoup aussi, j’aime les gens qui vont au bout des choses, qui font des miracles. Il y a là-bas une communauté de gens qui aiment le cinéma, qui travaillent dans une ambiance fraternelle, c’est très rassurant. »
- : « Comment avez-vous collaboré avec le chef opérateur ? »
Renaud Bertrand : « Nous avons essayé de retrouver dans la forme le regard d’un enfant. Il s’agissait de raconter des situations fortes avec ce regard distancié et frontal de l’enfant. J’ai décidé de tourner de manière complètement différente pour retrouver cette naïveté un peu neutre de la vision de Sébastien. C’était très perturbant pour moi et Yves Cape a su m’accompagner avec tact dans cette voie. Nous tournions en M-scope avec une caméra D21 et étions des pionniers à ce moment-là. Yves m’a aidé à surmonter les contraintes de ce format. »
- : « Votre scène préférée du film ? »
Renaud Bertrand : « La scène de Pop Corn. Les scènes qui précèdent lui donnent toute sa force. »
- : « Racontez-nous les moments forts du tournage. »
Renaud Bertrand : « La scène du train avec Emmanuelle. Les premières fois que Emmanuelle est apparue en reine, les premières scènes de Nathan qui résistait à entrer dans son personnage, trop bouleversé. Le tournage de la scène de nuit sous la pluie. La scène à l’église, les vacances d’été sous la pluie et dans la boue, la chanson du personnage de Jacques. Le mariage. Les scènes avec Sasha Briquet et Emmanuelle. Ils étaient très émouvants tous les deux. Le frère. »

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Fiche technique
Réalisateur : Renaud Bertrand
Idée originale de : Renaud Bertrand
Scénario, adaptation, dialogues : Renaud Bertrand et Virginie Chanu
Image : Yves Cape (A.F.C.- S.B.C.)
Décors : Christina Schaffer
Costumes : Uli Simon
Montage : Abeelle et Félix Sorger
Son direct : Philippe Kohn
Montage paroles : Angelo Dos Santos
Montage son : Frédéric Demolder et Julie Brenta
Mixage : Michel Schillings
Musique originale : André Dziezuk et Marc Mergen
1er assistant réalisateur : Jean-Luc Roze
Casting : Katja Wolf
Scripte : Lucie Truffaut
Directrice de Production : Béatrice Chauvin-Ballay
Produit par : Fabio Conversi
Coproduit par : Paul Thiltges et David Grumbach
Et une coproduction France - Luxembourg, Babe Films, France 2 cinéma et Paul Thiltges Distributions
Avec la participation de : Canal + et de Tps Star
Avec la participation de : France télévisions
En association avec : Uni Etoile 6
avec le support du : Programme Média de l’Union Européenne
Avec la participation du : Fonds National de Soutien à la Production Audiovisuelle du Grand-Duché de Luxembourg
© Babe Films, France 2 Cinéma et Paul Thiltges Distributions
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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de :


remerciements à Olivier Lebraud
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