Fleur du désert de Sherry Hormann (Bac Films)


durée : 2h
sortie le 10 mars 2010


C’est un conte de fée et pourtant c’est une histoire vraie ; Waris Dirie, petite fille élevée dans le désert de Somalie, avec des cailloux pour horizon et des chèvres pour seul avenir, va devenir, grâce au jeu du destin, l’un des top model les plus célèbres du monde.
Issue d’une famille de nomades somaliens, Waris connaît une enfance rude mais heureuse car entourée des siens.
Mais quand son père décide de la marier à l’âge de 13 ans, Waris prend la fuite.
Traversant le désert au péril de sa vie, elle atteint la ville de Mogadiscio et retrouve sa grand-mère.
Cette dernière lui fait quitter le pays en lui trouvant un poste de « bonne à tout faire » à l’ambassade de Somalie à Londres.
Waris y travaille pendant 6 ans, telle une esclave, totalement recluse et coupée du monde extérieur.
Quand la guerre civile éclate en Somalie, l’ambassade ferme. Waris se retrouve livrée à elle-même dans les rues de Londres, ne sachant pas un mot d’anglais. C’est alors qu’elle rencontre Marilyn avec qui elle se lie d’amitié. Cette jeune femme, délurée et originale, l’héberge et l’aide à trouver un emploi.
Travaillant dans un fast food, Waris est remarquée par un célèbre photographe de mode. Grâce à lui, elle rejoint une agence de mannequins. Malgré de nombreuses péripéties, elle devient rapidement l’un des plus grands top model international. Sa célébrité est au plus haut et pourtant, derrière les paillettes et le glamour, se cache une blessure dont Waris ne se remettra jamais. Lors d’une interview Waris révèle l’excision dont elle fût victime à l’âge de 3 ans.
Reprise par la presse internationale, sa confession bouleverse le monde entier.
Waris a depuis décidé de dédier sa vie à combattre l’excision dont sont victimes des milliers de petites filles chaque jour.
avec :
Liya Kebede, Sally Hawkins, Timothy Spall, Juliet Stevenson, Craig Parkinson, Anthony Mackie, Meera Syal et Soraya Omar-Scego

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À propos de Fleur du désert…
Sherry Horman : « Tout a commencé avec un petit sac de plastique blanc. Peter Hermann, que je n’avais croisé que quelques fois, me l’a tendu au bout de la table. Appelle-moi et dis-moi si tu trouves trois bonnes raisons de ne pas en faire un film. Dans le sac se trouvait un livre : Fleur du désert.
Je ne connaissais pas ce livre Des millions de gens l’ont lu fut sa seule réponse.
Le livre m’a instantanément captivée. Je n’avais jamais vu autant de contradictions et de personnages différents incarner une seule et même personne, une seule et même histoire : Waris Dirie, petite fille du désert – top model à New York – femme de ménage analphabète dans un fast food – porte parole à l’Onu. Si l’histoire n’avait pas été vraie, j’aurais pu croire à une version moderne de Cendrillon. Plus que tout d’ailleurs, Fleur du désert est un cri contre l’injustice subie par les femmes.
Ok, qui êtes-vous pour vouloir filmer mon histoire ? nous a demandé Waris Dirie le jour de notre première rencontre. Quelques heures plus tard, elle s’engouffrait dans un taxi et nous demandait Alors, on commence quand ? Maintenant ?.
Un peu plus tard, j’ai réalisé que nous avions tous nos raisons. Pendant le casting du rôle de Waris à Londres, une femme du Mali, de 40 ans, est arrivée. Je l’ai regardée, étonnée, et d’un ton chaleureux elle m’a dit elle-même ce que je n’osais moi-même lui dire : Je ne suis pas votre Waris, je sais, je suis trop vieille et je ne sais pas jouer. Mais je travaille dans une usine à Glasgow et j’ai posé une journée de congé pour venir vous dire à quel point il est important pour l’Afrique que vous fassiez ce film. J’étais subjuguée, presque honteuse de ne pas avoir fait ce film avant. Elle m’a pris la main, l’a embrassée en riant et m’a dit N’ayez pas peur !.
Durant mon premier voyage de repérage au Kenya, j’ai rencontré trois femmes somaliennes, entièrement voilées, qui avaient fui la guerre civile et qui s’appelaient toutes les trois Amina. Elles m’ont tout appris sur la mutilation génitale féminine et m’ont raconté leur propre expérience, similaire en bien des points à celle de Waris. Puis soudain, l’une d’entre elles a dit : Il y a cet Américain, son nom est Obama, il veut être votre prochain président. Il est l’un des nôtres. Quelque part, nous étions tous du même monde.
Plus tard à Djibouti, j’ai réalisé que Fleur du désert serait le premier film sur la culture somalienne et ses origines islamiques. Nous avons filmé des nomades qui n’avaient jamais vu de caméra.
Amateurs et acteurs pros ont travaillé parfaitement ensemble. Mais l’aventure était permanente ! Pour certaines scènes, j’étais obligée de changer subitement d’acteur, parce que certains disparaissaient sans prévenir, comme celui qui devait jouer le père de Waris. Je l’ai retrouvé, plus tard, en train de prier. Il se fichait de savoir que 80 personnes l’attendaient sur le plateau ! Nous avons utilisé le marché de Djibouti comme décor de Mogadiscio. Des centaines de policiers avaient bloqué les accès pour le tournage, mais tout à coup, ils ont tous disparu en même temps. Volatilisés. Tous ! Un chaos pas possible s’est installé, les membres du tournage se sont fait attaquer par des jets de pierre, bref, c’était la panique : les policiers étaient juste partis déjeuner ! Ils avaient entendu dire que nous avions réservé un restaurant avec un buffet à volonté et ils voulaient être les premiers servis… À Londres, j’ai envoyé Liya Kebede dans les rues. Nous la filmions en caméra cachée. Elle s’est immiscée dans la peau d’une sdf et a aussitôt reçu le traitement qui leur est réservé d’habitude. Seuls deux somaliens qui habitaient à Londres lui ont proposé de l’aide ou de l’argent pour s’en sortir.
Je sentais que parce que l’histoire de Waris ressemblait tellement à un conte de fée, il fallait la rendre aussi réaliste et honnête que possible.
Jamie Leonard, le chef décorateur anglais a reconstitué les paysages anglais dans une vieille usine de pneus en Allemagne. Et quand Sally Hawkins et le reste de ce casting très anglais ont commencé à donner libre cours à leur talent, tout le monde a oublié dans la minute que nous étions près de Cologne ! Tout à coup, nous étions en plein milieu de Londres et nous étions nous même des voyageurs entre Djibouti, l’Angleterre, l’Allemagne et les Etats-Unis. Peu importait quel passeport nous avions, nous étions tous les messagers d’une seule et même histoire, celle de Waris qui avait courageusement pris sa vie en main. »

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Entretien avec Waris Dirie
- : « Le film est-il une adaptation fidèle de votre roman, de votre vie ou bien certaines parties ont été romancées ? »
Waris Dirie : « Le film est fidèle mais est forcément une réduction de mon livre, sinon il aurait duré au moins 10 heures ! Quand on lit le livre, on se rend compte que certains passages ont nécessairement été adaptés. »
- : « Est-ce-que ça a été compliqué de choisir celle qui jouerait votre personnage ? Vous reconnaissez-vous dans Liya ? »
Waris Dirie : « Nous avons fait des castings à Los Angeles, New York, Londres, Milan et Nairobi. Nous avons auditionné, entre autres, quelques actrices célèbres. A Londres, une Africaine est venue au casting, non pour le rôle, mais pour dire à la réalisatrice à quel point le film était important pour les femmes d’Afrique. Et puis, un jour, j’ai reçu un dvd avec 3 profils d’actrices différentes. J’étais en train de le regarder, quand mon fils Aleeke m’a demandé : Maman, c’est toi sur le dvd ?. J’ai eu un choc. Cette actrice me ressemblait au point que mon fils m’avait pris pour elle ! C’était Liya Kebede, une top model éthiopienne qui habitait à New York. Je me suis alors souvenue que je l’avais déjà rencontrée à une soirée privée chez Iman à New York. La coïncidence est drôle : je venais tout juste de terminer le shooting pour le calendrier Pirelli avec Richard Avedon, et venais de prendre la décision d’arrêter les photos pour me consacrer aux Mgf. De son côté, Liya commençait tout juste sa carrière de mannequin. Alors, j’ai appelé Sherry, la réalisatrice, et lui ai dit que je voulais Liya. Liya a réalisé un travail extraordinaire. Je n’ai pas voulu la rencontrer avant que le film ne soit terminé pour ne pas l’influencer. Nous avons dîné ensemble le dernier jour du tournage à Berlin. »
- : « Quand avez-vous décidé de dédier votre vie au combat contre les mutilations génitales féminines ? »
Waris Dirie : « Peu de temps après qu’on m’ait mutilée, je me souviens avoir pensé très nettement que ce qu’on venait de me faire n’était absolument pas normal. J’ai su alors qu’un jour je me battrai contre cette pratique. Je ne savais pas quand, où, ni comment. Mais je savais que je le ferai, moi, petite fille des déserts de Somalie. »
- : « Parlez-nous de votre fondation. Quelles sont les actions actuellement en cours ? »
Waris Dirie : « Ma fondation combat les mutilations génitales féminines depuis 2002. Son premier projet fut de faire une importante recherche sur les Mgf en Europe, qui a ensuite été publiée dans mon livre « Enfants du désert » en 2005. C’est grâce à ce livre que l’Union Européenne a mis les Mgf à son programme pour la première fois de son histoire. En janvier 2006, j’en ai présenté les résultats au Conseil Européen et discuté du problème avec les ministres de la santé de tous les États membres. Depuis, plusieurs pays ont émis des lois strictes contre les Mgf et initié des campagnes d’information dans leur propre pays. Certaines ont été faites avec le soutien de ma fondation, comme par exemple celle lancée en Angleterre avec le soutien de Scotland Yard et la BBC en 2007. La fondation donne toute l’information nécessaire et le site attire des centaines de milliers de visiteurs chaque année. Depuis que j’ai lancé cette fondation, plus de 40 000 personnes m’ont écrit personnellement. Beaucoup sont des victimes de Mgf, mais d’autres veulent juste m’apporter leur soutien dans ce combat. Nous donnons de l’information à nombre de magazines, quotidiens et établissons des liens avec les victimes. Des petites filles qui étaient menacées de Mgf ont pu être sauvées grâce aux services sociaux mis en place ainsi qu’aux organisations non gouvernementales. Nous avons permis à beaucoup de femmes de bénéficier d’une chirurgie réparatrice. Je crois que l’on ne peut changer la situation qu’en apportant un soutien concret aux femmes africaines, colonne vertébrale de leur continent. Nous devons les aider à acquérir l’indépendance financière, et leur donner un accès à l’éducation qui améliorerait leur avenir. C’est pour ces raisons que j’ouvre en Tanzanie une ferme modèle, où seules des femmes seront employées. Elles recevront non seulement une part des revenus de la ferme en plus de leur salaire, mais recevront aussi une formation. Une part importante de ce projet est d’informer les femmes de leurs droits. Du coup, je travaille aussi en collaboration avec plusieurs cabinets juridiques pour mettre sur pied un programme de formation pour ces femmes, pour qu’elles puissent devenir conseillères juridiques. »
- : « Avez-vous le sentiment que la situation s’est améliorée à propos des Mgf ? »
Waris Dirie : « Les choses ont évolué : les gens parlent maintenant ouvertement d’un sujet qui était autrefois tabou. Nous recevons pourtant des informations de la part de médecins et de femmes à travers le monde entier qui confirment que les Mgf ne sont pas seulement pratiquées en Afrique, mais aussi en Amérique du Sud, Kurdistan (Turquie, Iran, Iraq), Europe, Australie, Amérique du Nord, et qu’elles sont pratiquées non seulement par des musulmans, mais aussi par des chrétiens. »
- : « Quelle est la situation en Somalie ? »
Waris Dirie : « La situation a bien changé aussi. Je reçois des mails de jeunes somaliennes qui me soutiennent et qui ne pratiqueront jamais d’excision sur leurs filles. »
- : « Parlons de votre expérience de mannequin. Qu’avez-vous le plus apprécié dans ce métier ? »
Waris Dirie : « Voyager dans les plus beaux endroits du monde, et gagner plus d’argent qu’en étant femme de ménage ! »
- : « Racontez-nous votre premier défilé. Avez-vous eu peur, étiez vous mal à l’aise, maladroite ? »
Waris Dirie : « Je ne pouvais pas croire surtout que c’était si facile de gagner de l’argent ! Si j’avais une fille cependant, je ne lui conseillerais pas ce métier. Je raconterai tout cela dans mon prochain livre Black Woman White Country qui sortira l’année prochaine. »
- : « Le fait d’être devenue mère vous a rendu plus forte ? »
Waris Dirie : « J’ai deux garçons. Ils me donnent une raison de me lever le matin. Ils me donnent une raison de me battre pour un monde meilleur. Ils me donnent une raison de me battre pour la paix. Ils me donnent une raison de me battre contre la destruction de notre planète. Ces deux garçons vont devoir vivre ici, alors que nous serons, nous, déjà ailleurs. Alors je veux tout faire pour qu’ils puissent vivre sur cette planète et y élever leurs propres enfants. Avoir des enfants est une motivation fantastique pour moi de continuer à faire ce que je fais. »
- : « Etes-vous encore impliquée, d’une façon ou d’une autre, dans le monde de la mode ? »
Waris Dirie : « J’aime la mode vraie. Les créateurs capables d’habiller toutes les femmes, qu’elles soient minces ou grosses, petites ou grandes, noires ou blanches. Malheureusement, je ne vois aucun couturier de ce type présenter des collections sur les podiums internationaux. A la place, j’en vois qui font des habits pour des femmes qui ressemblent à des petits garçons. Drôles de gens… Je suis étonnée que les femmes ne boycottent pas ces gens-là. Le jour où un couturier fera des vêtements pour des vraies femmes, alors je me poserai la question de mon retour dans le monde de la mode. »

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Fiche technique
Écrit et réalisé par : Sherry Hormann
Tiré du roman autobiographique de : Waris Dirie
Casting : John & Ros Hubbard
Directeur de la photo : Ken Kelsch
Editeur : Clara Fabry
Chef costumier : Gabriele Binder
Superviseur son : Stephan Colli
Musique de : Martin Todsharow
Producteur : Peter Herrmann
Co-Producteurs : Benjamin Herrmann et Danny Krausz
Co-Producteurs : Roch Lener, Waris Dirie, Til Schweiger, Barbara Seiller, Hans-Wolfgang Jurgan, Hubert von Spreti et Bettina Reitz
Fleur du désert est une production de : Desert Flower Filmproductions en Co-Production avec Dor Film (Autriche), Majestic Filmproduktion (Allemagne), BSI International Invest (Allemagne), Bac Films (France), Mr. Brown Entertainment (Allemagne), MTM west film & television (Allemagne), Bayerischer Rundfunk et ARD / Degeto (Allemagne),
en association : avec Backup Films (France)
avec le support de : Filmstiftung Nordrhein-Westfalen, Medienboard Berlin-Brandenburg et Rundfunk Berlin-Brandenburg, Filmförderungsanstalt, Deutscher Filmförderfonds, FilmFernsehFonds Bayern, Eurimages, Österreichisches Filminstitut, Orf (Film / Fernsehabkommen) et Filmfonds Wien