L’absence de Cyril de Gaspéris (Les Films Sauvages)


durée : 1h15
sortie le 10 mars 2010


Employée comme auxiliaire de vie, Félicia passe ses journées auprès d'Anna, une sexagénaire que la démence a rendue dépendante.
Un soir, le mari d'Anna disparaît.
Les deux femmes poursuivent alors leur vie ensemble et, comme seules au monde dans une maison au creux des marais, perdent, jour après jour un peu plus, la notion du temps et d'elles-mêmes...
avec :
Liliane Rovere, Cécile Coustillac, Jocelyne Desverchere, Jean-Baptiste Malartre, Eddie Chignara, Adrien De Van, Sarah Thomine-Desmazures, Olivier Broche, Marie-Pascale Amiot, Léonard de Gasperis et Lionel Emery

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Maladie d'Alzheimer
Ces neurones qui servent à programmer un certain nombre d’actions, en disparaissant, entraînent la perte de ces capacités.
On associe souvent la maladie d’Alzheimer à la perte de mémoire car ce sont effectivement les neurones localisés dans la région de l’hippocampe, siège de la mémoire, qui sont les premiers atteints.
Malheureusement, petit à petit d’autres zones du cerveau seront touchées et mèneront à la disparition progressive des capacités d’orientation dans le temps et dans l’espace, de reconnaissance des objets et des personnes, d’utilisation du langage, de raisonnement, de réflexion…
On entend souvent que la personne qui souffre de la maladie retombe en enfance. C’est effectivement un retour à l’immaturité neurologique constaté dans les premières années de vie. Cependant, alors qu’un jeune enfant découvre la vie pour progressivement gagner en autonomie, une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer va petit à petit la perdre. Ne pas comprendre que l’on risque de s’égarer en sortant seul tout en ayant encore la notion d’être adulte est un paradoxe qui rend l’accompagnement difficile et subtil.
Le terme de maladie d’Alzheimer est aujourd’hui utilisé pour évoquer différentes maladies où apparaissent ces même troubles, en particulier lorsqu’ils surviennent au-delà d’un certain âge. C’est un abus de langage.

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Notes sur l’absence
Cyryl de Gaspéris : « Est-il possible d’habiter un présent perpétuel ?
Un temps uniforme et clos, sans mémoire ni perspective d’avenir. Un refuge pour certains, une résidence forcée pour d’autres. Comment vivre auprès de celui qui ne sait plus d’où il vient ni où il va ? Choisir pour lui, le maintenir dans ce qu’on estime être le cours normal de la vie ou l’accompagner dans sa temporalité irrationnelle, au risque de perdre la notion de sa propre existence et glisser vers le néant ?
Le doute est là, au coeur du récit. Ce doute qui conduira Félicia par delà bien et mal. Auxiliaire de vie auprès d’une femme que la démence a rendue dépendante, Félicia est une page blanche qui cherche encore, comme tant d’autres, sa place dans le monde. Une place bien réelle qui la détermine. Croit-elle au don de soi pour se découvrir enfin et conjurer la tentation du repli sur elle-même ? Comment le savoir, elle qui peine tant à exprimer son désir, son inquiétude devant une personne qui n’est plus en mesure de la reconnaître.
Un mot germanique m’a toujours troublé par son étrange double sens : gift. Comme le grec dosis, il signifie à la fois le don et le poison. Comment deux sens si antinomiques peuvent-ils s’unir dans le même terme ? L’essentiel est ainsi pour moi dans cette trajectoire ambivalente, dans ce voyage intérieur au bout d’une appréhension, d’une émancipation peut-être.
Suivre le quotidien d’une femme, subordonnée au temps, au besoin d’une autre, qui s’absorbe dans la tâche, comble le vide en le creusant inconsciemment, aspire à la paix, résiste à la déréliction, à la lassitude, au chaos qui menacent à chaque instant de s’installer et finit par ne plus savoir si s’impose en elle sa mission d’auxiliaire ou son désir d’être enfin principale.
Filmer l’attente, l’inertie, la répétition mécanique des mêmes gestes qui atrophient le temps. Filmer leur existence dépouillée, dans ce qu’elle peut avoir d’austère, de désolant mais aussi de tendre et parfois d’absurde car ne rien éluder, assumer l’âpreté d’une situation n’exclut en rien la légèreté, de même qu’une fermeture au monde suppose qu’il reste, quelque part, disponible. Être lucide donc. Et croire simplement qu’on reste digne, jusqu’au bout, du regard des autres. Sensible à l’idée que le surnaturel ne serait au fond que du « réel précis », comme le soutenait Bresson, le film adopte un style hyperréaliste, privilégiant des plans-séquences qui épuisent dans la durée certaines situations, mais tend vers l’abstraction quasi fantastique d’un temps ritualisé, insensé, à mesure que s’évanouissent les repères du temps social. »

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Fiche technique
Réalisation : Cyril de Gaspéris
Scénario : Cyril de Gaspéris
Casting : Annette Trumel – Mars & Cie
Assistante réalisation : Sarah Morel
Scripte : Delphine Musichini
Repérages : Fabrice Gayrard
Image : Sophie Cadet
Assistant-opérateur : Jean-Baptiste Delahaye
Opérateur steadycam : Ludovic Tobaldi
Chefs électriciens : Guillaume Brunet et Timothée Hoornweg
Machiniste : Fabrice Pucel
Son : Nicolas Waschkowski
Perche : Nicolas Joly
Décors : Aurore Casalis
Maquillage : Flora Carrara
Coiffure : Sylvie Aubry
Direction de production : Emy Porcellato
Régisseurs généraux : Rodophe Croquefer et Fabrice Gayrard
Stagiaire régie : Eloïse Palasse
Comptabilité : Pascal Guichard – Maa
Assistants de production : Nicolas Bouyeron , François Weil et Christoph Cayre-Eilebrecht
Montage : Alexandra Melot
Monteur adjoint et consultant : Orian Patterson
Étalonnage rushs : Emmanuel Frey
Étalonnage Numérique : Jacky Lefresne
Montage Son : Nicolas Waschkowski
Conception Sonore Jeu Télé : Julien Ngo-Trong
Mixage : Emmanuel Croset
Produit par : Jean-Christophe Soulageon et Cyril de Gaspéris
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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de :


remerciements à Eric-John Bretmel

logos, photos & textes ©


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